En 2021, Netflix a marqué les esprits avec un film catastrophe particulier. Don’t Look Up : Déni cosmique n’est pas qu’une simple fiction apocalyptique, mais une satire grinçante de notre société moderne face aux crises existentielles. Ce long-métrage d’Adam McKay, bien qu’imaginaire, s’inspire de problématiques bien réelles et pose la question : et si cette histoire de comète était plus vraie que nous voudrions l’admettre ?
Synopsis et métaphore d’une réalité climatique
Don’t Look Up raconte l’histoire de deux astronomes qui tentent désespérément d’alerter l’humanité qu’une comète va percuter la Terre dans six mois. Le Dr. Randall Mindy (Leonardo DiCaprio) et Kate Dibiasky (Jennifer Lawrence) se heurtent rapidement au mur de l’indifférence, du déni et de la désinformation.
Ce qui frappe dans ce récit, c’est sa résonance avec la crise climatique actuelle. Le film n’est pas basé sur une histoire vraie au sens strict, mais représente une allégorie puissante de notre inaction face au changement climatique. Comme l’explique le climatologue Michael E. Mann, qui a inspiré le personnage de DiCaprio, il s’agit d’une « métaphore puissante » de la situation que vivent les scientifiques spécialistes du climat.
Jean Jouzel, éminent climatologue français, a reconnu des similitudes frappantes avec son vécu professionnel : « Les dirigeants pensent qu’on pourra trouver des solutions plus tard, tandis que les scientifiques les implorent d’agir au plus vite. » Cette dynamique est précisément ce que le film capture avec un cynisme cinglant.
En termes de menaces cosmiques réelles, l’astronome Amy Mainzer, conseillère technique du film, rassure sur le fait que les risques d’une telle catastrophe sont « infiniment faibles ». Pourtant, les préoccupations concernant les impacts d’astéroïdes ne sont pas totalement infondées, comme en témoigne cette prophétie effrayante qui pourrait bien se réaliser selon une enquête choc.
Le film se présente d’ailleurs avec cette mention intrigante : « inspiré de faits réels qui ne se sont jamais produits… jusqu’à présent ». Une formulation qui joue délibérément sur notre anxiété collective concernant l’avenir de la planète.
Des personnages inspirés de figures réelles
L’un des aspects les plus fascinants de Don’t Look Up est sa galerie de personnages inspirés de figures contemporaines. Le casting cinq étoiles donne vie à des archétypes que nous reconnaissons immédiatement dans notre paysage médiatique et politique.
Le personnage de Peter Isherwell, joué magistralement par Mark Rylance, est un amalgame de plusieurs titans de la tech moderne. Son caractère, son influence et ses manières évoquent directement des personnalités comme :
- Elon Musk avec ses visions futuristes et ses solutions technologiques pour sauver l’humanité
- Jeff Bezos pour l’empire commercial et l’influence démesurée
- Steve Jobs concernant le culte de la personnalité et le perfectionnisme
- Mark Zuckerberg pour la maîtrise des données et l’ingénierie sociale
La présidente Janie Orlean, incarnée par Meryl Streep, emprunte quant à elle des traits à plusieurs figures politiques, notamment Donald Trump. Son approche populiste, son déni de la science et sa préoccupation pour son image plus que pour la crise elle-même, reflètent des comportements politiques bien réels observés lors de crises comme la pandémie de COVID-19 ou les discussions sur le réchauffement climatique.
Le tableau ci-dessous illustre les parallèles entre les personnages principaux et leurs inspirations réelles :
Personnage | Acteur/Actrice | Inspirations réelles |
---|---|---|
Dr. Randall Mindy | Leonardo DiCaprio | Michael E. Mann et autres climatologues |
Kate Dibiasky | Jennifer Lawrence | Jeunes activistes climatiques |
Présidente Janie Orlean | Meryl Streep | Donald Trump et autres dirigeants climato-sceptiques |
Peter Isherwell | Mark Rylance | Elon Musk, Jeff Bezos, Steve Jobs, Mark Zuckerberg |
L’avis des scientifiques sur la véracité du film
Si Don’t Look Up n’est pas basé sur une histoire vraie concernant une comète, les scientifiques reconnaissent la justesse de sa représentation des dynamiques sociales face aux menaces existentielles. La NASA, consciente des dangers potentiels, a d’ailleurs lancé en novembre 2021 la mission DART (Double Asteroid Redirection Test) pour tester la possibilité de dévier des astéroïdes menaçants.
Les experts en climat sont particulièrement vocaux sur les parallèles avec leur propre expérience. Comme l’explique Jean Jouzel : « Ce film illustre parfaitement comment les scientifiques sont souvent ignorés malgré l’urgence de leurs avertissements. » Les scènes où les astronomes sont interrompus, ridiculisés ou simplifiés à outrance dans les médias trouvent un écho troublant dans le vécu des climatologues.
Don’t Look Up a également reçu les éloges d’Amy Mainzer, consultante scientifique du film, pour sa représentation du processus scientifique. Elle souligne que la découverte d’une comète et les calculs de sa trajectoire sont dépeints avec un réalisme appréciable, même si le scénario prend ensuite des libertés pour servir sa satire.
Plusieurs éléments du film reflètent des problématiques scientifiques authentiques :
- La difficulté à communiquer des concepts scientifiques complexes au grand public
- L’intrusion d’intérêts financiers dans la prise de décision scientifique
- La polarisation politique autour de questions scientifiques
- La tendance des médias à privilégier le sensationnalisme sur la précision
- L’influence disproportionnée des entreprises technologiques sur les politiques publiques
Le film a réussi à transformer ces observations sociologiques en une satire mordante qui a trouvé son public, devenant le second film le plus visionné de l’histoire de Netflix avec 360 millions d’heures de visionnage en seulement 28 jours après sa sortie.