Les tueurs en série les plus prolifiques ont échappé à la justice pendant des décennies grâce à des méthodes sophistiquées.
- Thug Behram, membre d’une secte indienne, aurait assassiné 931 personnes entre 1790 et 1840 par étranglement rituel.
- L’infirmier allemand Niels Högel a provoqué des arrêts cardiaques chez plus de 100 patients pour ensuite tenter de les réanimer, motivé par une quête morbide de reconnaissance.
- Samuel Little, avec 93 victimes revendiquées sur trois décennies, ciblait les populations marginalisées, rendant ses crimes quasi invisibles aux yeux des autorités.
Qui n’a jamais ressenti ce frisson glacé en découvrant l’histoire d’un tueur en série? Ces criminels hors norme intriguent autant qu’ils horrifient, révélant les abysses les plus sombres de la psyché humaine. Au-delà des noms médiatisés comme Dahmer ou Bundy, certains prédateurs ont accumulé un nombre effarant de victimes. L’analyse de ces dossiers révèle un schéma troublant: ces assassins opèrent souvent pendant des décennies avant que la justice ne les rattrape. Leurs méthodes, leurs motivations et leur capacité à échapper aux investigations constituent un défi permanent pour les forces de l’ordre. Plongeons dans ces affaires exceptionnelles qui ont marqué l’histoire criminelle mondiale.
Thug Behram et les records historiques de meurtres en série
Lorsqu’on évoque les tueurs en série ayant fait le plus de victimes, un nom s’impose avec une sinistre primauté: Thug Behram. Entre 1790 et 1840, ce criminel aurait supprimé pas moins de 931 personnes sur le territoire indien. Sa technique d’étranglement ritualisée avec un foulard cérémoniel est devenue sa signature macabre. L’analyse des archives judiciaires de l’époque confirme l’ampleur exceptionnelle de cette série de meurtres.
Membre influent de la secte des Thugs, Behram pratiquait l’assassinat comme un acte religieux dédié à la déesse Kali. Cette dimension cultuelle ajoutait une couche de complexité à l’enquête menée par les autorités coloniales britanniques. Les Thugs ciblaient principalement des voyageurs isolés sur les routes indiennes, transformant chaque meurtre en offrande sacrée. Le corps des victimes était systématiquement dissimulé dans des fosses soigneusement camouflées.
La traque de ce serial killer historique a mobilisé d’importantes ressources policières de l’administration britannique. Le capitaine William Sleeman, chargé de l’investigation, a constitué un dossier accablant contre Behram, conduisant à son arrestation en 1840 et à son exécution par pendaison. Son cas éclipse numériquement d’autres tueurs historiques notoires comme l’empoisonneuse italienne Giulia Tofana, accusée d’avoir tué 600 hommes entre 1633 et 1659 avec sa potion létale surnommée « Aqua Tofana ».
| Tueur en série | Période d’activité | Nombre de victimes estimées | Méthode principale |
|---|---|---|---|
| Thug Behram | 1790-1840 | 931 | Étranglement au foulard |
| Giulia Tofana | 1633-1659 | 600 | Empoisonnement |
| Niels Högel | 2000-2005 | 100+ | Injections létales |
| Samuel Little | 1970-2005 | 93 | Strangulation manuelle |
Les experts en criminologie moderne soulignent néanmoins la nécessité d’aborder ces chiffres historiques avec prudence. Les méthodes d’investigation rudimentaires de l’époque et la propension aux récits sensationnels peuvent avoir exagéré le bilan macabre de certains assassins historiques. Les preuves matérielles et les témoignages recueillis il y a deux siècles ne répondraient pas aux standards actuels d’une enquête criminelle scientifique.
Niels Högel : l’infirmier du diable aux 100 meurtres confirmés
Dans le panthéon des tueurs contemporains, Niels Högel occupe une place singulière. Cet infirmier allemand a été reconnu coupable de 85 assassinats entre 2000 et 2005, mais les investigations suggèrent un bilan plus lourd approchant les 180 victimes. Son profil détonne dans l’univers des serial killers: pas de mobile sexuel ni de cruauté explicite, mais une quête morbide de reconnaissance professionnelle.
Méthode et motivations
Le modus operandi de Högel consistait à injecter à ses patients des substances cardiotoxiques non prescrites pour provoquer des arrêts cardiaques, puis à tenter de les réanimer devant ses collègues. Chaque intervention lui procurait une sensation d’euphorie comparable à une drogue, selon ses propres aveux au tribunal. Sa position d’infirmier en réanimation dans les hôpitaux d’Oldenbourg et Delmenhorst lui offrait un accès privilégié à des proies vulnérables et aux médicaments létaux.
Les analyses psychologiques révèlent chez ce criminel un narcissisme pathologique mêlé à une perversion du rôle soignant. Loin de l’image du prédateur sadique, Högel incarnait paradoxalement la figure du « sauveur » cherchant la validation de ses pairs. Cette dualité a longtemps brouillé les pistes pour les enquêteurs confrontés à une hausse inexpliquée de la mortalité dans les services où il travaillait.
Le parcours judiciaire et les révélations
Le processus judiciaire déployé contre l’infirmier meurtrier constitue l’une des plus vastes investigations criminelles de l’histoire allemande. Les autorités ont dû exhumer des centaines de cadavres pour établir la preuve scientifique des empoisonnements. Lors de son procès, Högel s’est autoproclamé « un des plus le plus grands tueur en série de l’histoire de l’après-guerre » en Allemagne, stupéfiant le tribunal par la froideur de ses confessions.
- Arrestation initiale en 2005 après qu’une collègue l’ait surpris en train d’administrer une injection non autorisée
- Premières condamnations pour quelques meurtres en 2008 et 2015
- Ouverture d’une commission d’enquête spéciale en 2014 menant à l’exhumation de 130 corps
- Procès final en 2019 aboutissant à sa condamnation à perpétuité avec une période de sûreté de 15 ans
Les rapports d’expertise ont mis en lumière les défaillances systémiques qui ont permis à ce tueur en série de poursuivre ses actes pendant des années. Les taux de mortalité anormalement élevés pendant ses gardes n’ont déclenché aucune alerte institutionnelle, révélant les failles d’un système hospitalier incapable de détecter en son sein la présence d’un tueur méthodique.
Samuel Little : la mémoire photographique d’un tueur à la confession tardive
Le FBI le considère comme l’assassin en série le plus prolifique de l’histoire américaine. Samuel Little, décédé en prison en 2020, a avoué avoir tué 93 personnes entre 1970 et 2005 à travers 19 États. La confirmation officielle de sa responsabilité dans au moins 50 homicides suffit à le placer au sommet du macabre classement des tueurs américains. Son activité criminelle exceptionnellement longue témoigne d’une capacité troublante à éviter la détection.
Un prédateur ciblant les oubliés de la société
Ancien boxeur à la force impressionnante, Little choisissait méticuleusement ses victimes parmi les populations marginalisées: prostituées, toxicomanes et sans-abri issues principalement des communautés afro-américaines. Cette stratégie de sélection des proies parmi les « invisibles » de la société lui a permis d’échapper aux investigations pendant des décennies. De nombreux décès ont initialement été attribués à des overdoses ou des accidents, brouillant les pistes pour les enquêteurs.
- Méthode létale: combinaison de coups violents suivis d’un étranglement manuel
- Sélection des victimes: femmes isolées, souvent en situation de précarité
- Zone d’opération: 19 États américains différents, avec une préférence pour les zones urbaines défavorisées
- Période d’activité: trois décennies et demie (1970-2005)
Les confessions et la mémoire exceptionnelle
La percée dans cette affaire exceptionnelle est venue d’un interrogatoire marathon mené par James Holland, ranger texan déterminé à percer le mystère entourant ces crimes. Au cours de plus de 700 heures de confession, Little a démontré une mémoire photographique stupéfiante, capable de reproduire avec précision les traits de ses victimes tuées plusieurs décennies auparavant. Ses dessins, d’une troublante exactitude, ont permis d’identifier des cadavres restés anonymes pendant des années.
Ces portraits, véritables pièces à conviction sortant des mains mêmes du tueur, ont constitué un élément central du dossier d’accusation. La documentation méticuleuse des aveux de Little par les agents fédéraux a transformé notre compréhension des cold cases américains. Condamné à la prison à perpétuité en 2014, Samuel Little a emporté dans sa tombe les derniers secrets de certaines de ses victimes, laissant des familles dans l’attente d’une identification qui pourrait ne jamais venir.