Cette histoire vraie qui a inspiré « Couleurs de l’incendie » va vous glacer le sang…

Gustave Joubert est l’un des personnages centraux du film « Couleurs de l’incendie », adaptation du roman éponyme de Pierre Lemaitre. Interprété avec brio par Benoît Poelvoorde, ce personnage suscite souvent des interrogations quant à sa véracité historique. Bien que l’intrigue se déroule dans un contexte historique précis – la France des années 1927-1934 – Gustave Joubert n’est pas une personne ayant réellement existé, mais plutôt une création littéraire inspirée de figures historiques de l’époque. Plongeons ensemble dans l’analyse de ce personnage attirant et des réalités historiques qui ont nourri sa conception.

Couleurs de l’incendie : du roman au film

« Couleurs de l’incendie » constitue le deuxième volet de la trilogie de Pierre Lemaitre, faisant suite à « Au revoir là-haut », couronné du Prix Goncourt en 2013. Réalisé par Clovis Cornillac et sorti en 2022, le film s’appuie sur un scénario écrit par l’auteur lui-même, garantissant une fidélité remarquable à l’œuvre originale. Le titre fait référence au dernier vers du poème d’Aragon « Les lilas et les roses » évoquant les « roses tendres couleur de l’incendie au loin ».

L’histoire se déroule dans un cadre historique précis : l’entre-deux-guerres, période marquée par la crise économique mondiale et la montée des fascismes en Europe. Après la mort de Marcel Péricourt, sa fille Madeleine (Léa Drucker) devient l’héritière d’un empire financier. Accablée par l’accident qui rend son fils Paul paraplégique, elle fait confiance à son entourage pour gérer ses affaires, notamment à Gustave Joubert, le fondé de pouvoir de la banque familiale.

Le casting impressionnant réunit des acteurs de premier plan avec Léa Drucker, Benoît Poelvoorde, Olivier Gourmet, Fanny Ardant, Alice Isaaz et Clovis Cornillac lui-même. La mise en scène ample et soignée s’appuie sur une reconstitution historique minutieuse des années 1930, tant au niveau des décors que des costumes, contribuant à l’immersion du spectateur dans cette période troublée.

Personnage Interprète Rôle dans l’intrigue
Madeleine Péricourt Léa Drucker Héritière trahie cherchant vengeance
Gustave Joubert Benoît Poelvoorde Manipulateur orchestrant la ruine de Madeleine
Charles Péricourt Olivier Gourmet Oncle corrompu complice de Joubert
M. Dupré Clovis Cornillac Ancien chauffeur devenu allié de Madeleine

Des personnages de fiction sur fond de vérités historiques

Si Gustave Joubert est un personnage fictif, sa conception s’inspire partiellement de figures historiques réelles. Pierre Lemaitre aurait notamment puisé son inspiration dans le personnage d’Ernest Mercier, créateur de la Compagnie française du pétrole (future Total) et fondateur du mouvement « Redressement français ». Cette inspiration confère au personnage une dimension crédible, ancrée dans les réalités économiques et sociales de l’époque.

Dans le film, Joubert incarne la figure du manipulateur sans scrupules qui, par dépit amoureux après avoir été éconduit par Madeleine, orchestre sa ruine financière. Il la pousse à investir dans le pétrole roumain alors qu’un krach est imminent, s’enrichit à ses dépens et va jusqu’à racheter son hôtel particulier. Ce parcours de trahison et d’ascension sociale illustre parfaitement les dynamiques de pouvoir et les corruptions qui caractérisaient certains milieux d’affaires de cette époque.

Les autres personnages fictifs évoluent également dans un contexte historique précis, comme Solange Gallinato (Fanny Ardant), cantatrice qui défie le régime nazi lors d’un concert à Berlin en interprétant « Le Chœur des esclaves Hébreux » de Verdi face à Hitler. Cette scène, bien que fictive, fait écho à la résistance culturelle qui s’est manifestée face au nazisme dès ses débuts.

Le film aborde plusieurs thématiques historiques authentiques :

  • La place des femmes dans la société française des années 1930, qui n’avaient ni le droit de vote ni celui de signer des chèques
  • La fraude fiscale et les mécanismes de corruption politique
  • Les tensions internationales et la montée du fascisme en Europe
  • Les crises économiques et leurs impacts sur les fortunes familiales
  • Les premières formes de résistance face au nazisme, notamment par les artistes

Gustave Joubert histoire vraie : couleurs de l'incendie, film inspiré du roman de Pierre Lemaitre

Un « Monte-Cristo au féminin » dans l’entre-deux-guerres

La trame narrative de « Couleurs de l’incendie » s’apparente à un récit de vengeance digne du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, mais dans une version féminine et modernisée. Après avoir découvert la trahison de son entourage, dont celle particulièrement douloureuse de Gustave Joubert, Madeleine Péricourt élabore un plan méthodique pour se venger de tous ceux qui l’ont trahie.

Avec l’aide de son ancien chauffeur M. Dupré, elle monte un piège complexe visant à faire accuser Gustave Joubert de trahison en le faisant passer pour un collaborateur des nazis. Elle s’attaque également à son oncle Charles Péricourt pour fraude fiscale et fait condamner André Delcourt, le précepteur qui abusait de son fils, pour un meurtre qu’il n’a pas commis.

Cette transformation de Madeleine, qui passe d’une femme naïve et manipulée à une stratège implacable et vengeresse, s’inscrit dans un contexte historique où les femmes commençaient progressivement à s’émanciper des contraintes sociales. Le personnage de Gustave Joubert, par sa trahison initiale et sa chute orchestrée par Madeleine, devient le catalyseur de cette métamorphose.

Contrairement à certaines adaptations hollywoodiennes qui prennent des libertés considérables avec l’histoire, « Couleurs de l’incendie » parvient à créer une fiction puissante tout en restant fidèle aux réalités sociales, économiques et politiques de l’époque. Cette authenticité contextuelle, malgré des personnages inventés comme Gustave Joubert, contribue grandement à la force du récit et à sa réception positive par la critique et le public.

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