Émile Louis : l’effrayante vérité sur le « boucher de l’Yonne » (et ce qu’on vous a caché)

L’affaire Émile Louis demeure l’un des dossiers criminels les plus sombres de l’histoire judiciaire française récente.

  • Sept jeunes femmes handicapées disparues entre 1975 et 1979, toutes sous tutelle de la DDASS.
  • Émile Louis, chauffeur de car au passé trouble, a utilisé sa position pour cibler ses victimes vulnérables.
  • La justice n’a abouti qu’en 2004, soit plus de vingt ans après les premiers signalements.
  • La découverte d’une huitième victime en 2024 et de nouvelles fouilles relancent l’enquête.
  • Les corps de cinq victimes demeurent introuvables, empêchant le deuil des familles.

L’affaire Émile Louis reste gravée dans la mémoire collective française. Cet homme a semé la terreur dans l’Yonne entre 1975 et 1979, faisant disparaître sept jeunes femmes handicapées placées sous tutelle de la DDASS. Plus de vingt ans se sont écoulés avant que la justice ne parvienne à le condamner. Aujourd’hui encore, des zones d’ombre persistent dans cette affaire macabre, notamment avec la découverte récente d’une possible huitième victime et le lancement de nouvelles fouilles en 2024, qui ravivent l’intérêt pour ce dossier aux multiples rebondissements.

Le profil inquiétant d’un chauffeur de car au passé trouble

Né en janvier 1934 de parents inconnus, Émile Louis a connu une enfance chaotique, élevé par un maçon qui entretenait le cimetière local. Son parcours criminel débute précocement lorsqu’à 15 ans, il met le feu à une grange, ce qui lui vaut un séjour en centre de redressement. À 17 ans, il s’engage dans la marine et part en Indochine où il est affecté au rapatriement des corps de soldats – une mission qui prend une résonance particulière au regard de ses crimes futurs.

Devenu chauffeur pour les Rapides de Bourgogne, il transporte quotidiennement des jeunes handicapées de la DDASS. Cette position privilégiée lui permet d’approcher ses futures victimes en toute impunité, d’étudier leurs habitudes et de gagner leur confiance. Les premières condamnations pour agressions sexuelles sur mineures dans les années 70 auraient dû alerter les autorités. En 1983, il écope de cinq ans d’emprisonnement pour avoir abusé de deux fillettes et d’une adolescente placées sous la protection de l’État.

Ces condamnations n’étaient que la partie émergée d’un iceberg criminel bien plus sombre, comme en témoignent les crimes de sang qui lui sont attribués et qui ont fait de lui l’un des tueurs en série les plus méthodiques et impitoyables de l’histoire criminelle française.

L’affaire des disparues de l’Yonne : sept jeunes femmes vulnérables

Des victimes oubliées du système

Entre 1975 et 1979, sept jeunes femmes handicapées disparaissent mystérieusement dans l’Yonne sans laisser de traces :

  • Jacqueline Weis (18 ans)
  • Madeleine Dejust (21 ans)
  • Françoise et Bernadette Lemoine (27 et 19 ans)
  • Christine Marlot (15 ans)
  • Chantal Gras (18 ans)
  • Martine Renault (16 ans)

Ces disparitions successives n’alertent personne pendant des années, révélant l’indifférence de la société envers ces jeunes femmes vulnérables. Toutes présentaient une déficience mentale légère et étaient placées sous tutelle de la DDASS – point commun tragique qui aurait dû éveiller les soupçons.

L’adjudant Christian Jambert mène l’enquête et transmet en 1984 un rapport accablant au parquet, pointant du doigt Émile Louis. Le document est classé sans suite, laissant le criminel en liberté pendant seize années supplémentaires. Jambert est retrouvé mort en 1997 à Auxerre avec deux balles dans le crâne, dans des circonstances jamais totalement élucidées.

Un homme concentré lisant attentivement un livre ancien dans une bibliothèque.

Aveux, procès et condamnation : la justice vingt ans après

Arrêté en décembre 2000 à Draguignan où il s’était établi depuis les années 80, Émile Louis avoue initialement avoir tué « six ou sept » jeunes filles. Pensant bénéficier de la prescription, il se rétracte rapidement. Le 14 décembre 2000, il conduit néanmoins les enquêteurs au bois de Rouvray, sur les berges de la rivière Serein où il pratiquait la pêche.

Seuls les corps de Madeleine Dejust et Jacqueline Weis sont retrouvés suite à ses indications. L’analyse du corps de Jacqueline révèle des sévices atroces : les bras noués dans le dos et une boule de tissu enfoncée dans la mâchoire. Les dépouilles des cinq autres disparues demeurent introuvables, prolongeant l’angoisse de leurs familles.

Date Condamnation Motif
25 novembre 2004 Perpétuité (18 ans de sûreté) Meurtres des sept disparues de l’Yonne
Mars 2004 20 ans de réclusion Viols avec torture sur sa seconde épouse
Octobre 2005 Peine alourdie à 30 ans En appel pour les viols et tortures

La justice confirme sa condamnation à perpétuité en appel (2006) puis en cassation (2007). Le criminel s’éteint finalement en prison à Nancy le 20 octobre 2013, à l’âge de 79 ans, emportant avec lui bien des secrets.

Gros plan sur le visage d'un homme âgé et barbu derrière des barreaux de prison.

Marie-Jeanne Coussin : une huitième victime découverte après 45 ans

En décembre 2018, un promeneur fait une découverte macabre dans le « cimetière d’Émile Louis » à Rouvray : une voûte crânienne humaine. Ce n’est qu’en mars 2024 que les analyses ADN permettent d’identifier Marie-Jeanne Ambroisine Coussin, née en 1935 et disparue en 1975 d’un centre de soins de Monéteau.

Cette identification tardive rouvre le dossier des disparues de l’Yonne, ajoutant potentiellement une huitième victime à la liste. Marie Coussin, enfant de l’assistance publique, vivait seule dans un foyer situé sur l’itinéraire qu’empruntait quotidiennement Émile Louis comme chauffeur. Le procureur de la République d’Auxerre rencontre sa famille le 20 février 2024 pour les informer de cette terrible découverte.

Les nouvelles fouilles de 2024 : l’espoir pour les familles des disparues

Le 24 septembre 2024, d’importantes fouilles débutent à Rouvray dans le « cimetière d’Émile Louis ». Prévues jusqu’au 4 octobre, elles mobilisent environ 140 gendarmes et militaires, dont des experts de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale et quarante militaires du génie. La zone visitée couvre un bois de 8000 m².

  1. Des objets de la vie courante : emballages, boîte de médicaments, récipients
  2. Des éléments vestimentaires : morceau de chaussure féminine, vêtement, deux pièces de tissu datant probablement des années 70

Pour les familles des cinq disparues dont les corps n’ont jamais été retrouvés (Christine Marlot, Chantal Gras, Martine Renault, Françoise et Bernadette Lemoine), ces recherches ravient un espoir ténu. Après plus de quarante ans d’attente, elles aspirent à offrir une sépulture digne à leurs proches et à achever leur deuil impossible.

Les témoignages recueillis au fil des années et les nouveaux éléments découverts lors des fouilles permettent d’espérer que justice soit pleinement rendue, même après le décès du criminel. Le châtiment d’Émile Louis ne suffit pas à apaiser la douleur des familles qui attendent toujours de pouvoir récupérer les ossements de leurs proches disparues.

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